Qu'est-ce que l'immunonutrition ?
'L'immunonutrition ou pharmaconutrition est un terme qui désigne l'administration complémentaire de nutriments spécifiques capables de moduler la réponse inflammatoire et d'augmenter la réponse immunitaire d'un sujet."(Dre Eliana Siciliano, indépendante).
Utilité de l'immunonutrition
L'immunonutrition peut contribuer à une réduction significative des risques associés aux complications de l'inflammation postopératoire aiguë. La chirurgie (en oncologie, traumatologie, etc.) détermine souvent une réponse HYPERmétabolique - CATABOLIQUE responsable de :
- Perte de poids
- Réduction de la masse musculaire et du tonus
- Système immunitaire affaibli
- Ralentissement des processus de guérison
- Difficulté à se sevrer de la respiration mécanique (lorsqu'elle est appliquée)
- Risque accru d'infections
- Dans le pire des cas, décompensation multiviscérale et risque accru de mortalité.
Dans de tels cas, l'administration MINIMALE de nutriments par voie ENTÉRALE seule est capable de prévenir l'atrophie villositaire intestinale et l'atrophie muqueuse, d'augmenter la barrière immunitaire intestinale et de réduire la translocation bactérienne. Cependant, nous vous rappelons qu'un soutien nutritionnel ADÉQUAT (et non minimal) est capable de prévenir à la fois la malnutrition et les diverses répercussions sur le système immunitaire.
L'immunonutrition est née sur la base de ces hypothèses et a pour objectif d'optimiser les ressources propres de l'organisme.
Molécules d'immunonutriments - immunonutriments
Dans l'« immunonutrition », les molécules les plus utiles et les plus utilisées sont :
- L-arginine
- L-glutamine (acide aminé)
- Acides gras oméga3 (ω3 - acide gras essentiel)
- Nucléotides
- Taurine (acide aminé)
- Tocophérols (vitamine E)
- Inuline et fructo-oligosaccharides (FOS - fibres alimentaires hydrosolubles)
L'arginine a une action stimulante sur la sécrétion de certaines hormones, dont la somatotrophine [GH] et ceci est particulièrement valable (et démontré) précisément pour les sujets défiés et/ou poly-traumatisés. C'est également un précurseur du monoxyde d'azote (NO) et contribue à améliorer l'activation des lymphocytes T et des macrophages (globules blancs).
La glutamine, parmi ses nombreuses fonctions, constitue 60-70% de l'énergie utilisée par les entérocytes (cellules de la muqueuse intestinale) et a une "action primaire sur" l'activation des lymphocytes et des macrophages. Son administration s'avère utile dans la cicatrisation des plaies et dans la réduction des temps d'hospitalisation.
La taurine est un acide aminé dérivé qui contribue à la régulation de l'équilibre osmotique, à l'homéostasie intracellulaire du calcium, à la composition et à la stabilisation des membranes cellulaires, à la protection antioxydante, à la régulation de la glycémie, etc. Son administration permet de maintenir des concentrations normales de plaquettes, d'érythrocytes (globules rouges), de granulocytes (globules blancs) et de lymphocytes.
Les acides gras Ω3 sont typiquement anti-inflammatoires ; ils agissent également sur le métabolisme des lipides favorisant l'augmentation des HDL et la réduction des LDL et des triglycérides.Ils agissent également positivement sur la réduction de la pression artérielle et sur la réponse immunitaire et n'ont pas d'effets secondaires.
Les FOS favorisent la sélection de la flore bactérienne intestinale correcte, réduisent le temps de transit des aliments, modulent l'absorption du glucose et diminuent celle du cholestérol ; ils favorisent notamment le maintien de l'intégrité musculaire intestinale.
Immunonutrition : oui ou non ?
En conclusion, bien que les effets thérapeutiques de l'immunonutrition soient désormais établis, cette pratique nutritionnelle est encore peu utilisée chez les médecins et au sein des structures cliniques hospitalières. Evidemment, l'immunonutrition a aussi des limites bien précises :
- Il est possible d'obtenir un avantage significatif tant que les besoins nutritionnels de base sont satisfaits en premier
- Il n'est pas conseillé d'administrer des immunonutriments sans discernement et chaque cas doit avoir une formulation distincte.
Ces aspects sont secondaires et peuvent être facilement gérés par l'intervention d'un professionnel spécialisé, ce dernier étant une figure incontournable de la nutrition clinique et faisant partie intégrante de la thérapie médicale.
Bibliographie:
- Journal de l'association nationale des diététiciens (ANDID) - 21ème année, sixième numéro, bimestriel 6ème bimestre 2011 - page 25:28.